Soleil de m*rde.

Émeraude avait fait une grosse erreur. Une erreur stupide, conne, que n'importe quel chaton savait qu'il fallait respecter. Ne pas dormir à l'extérieur. Mais elle s'était fait avoir, bêtement. Elle avait crût avoir dormi suffisamment avant d'aller en haut de cet arbre. Mais non. Le coussin avait été trop confortable et elle avait passée la nuit là, carrément. C'était le soleil matinal qui l'avait réveillée...ainsi que les cris joyeux d'enfants faisaient virevolter des cerfs-volants dans le ciel azuré. Tout d'abord, Émeraude avait cligné bêtement des yeux, avant de se rendre compte de la situation foireuse dans laquelle elle s'était mise. La jeune chatte était descendue de cet arbre à toute vitesse, espérant qu'aucun Bipède ne l'avait remarqué. Heureusement, cela ne semblait pas être le cas. Arrivée aux branches les plus basses, Evy avait prit la place d'Émeraude. Elle et sa foutue robe noire trop moulante.Maudite forme à la con. Tellement pataude qu'elle avait réussi à se péter la gueule royalement en descendant les cinquante centimètres qui la séparaient du sol. Belle sortie ça. Tellement belle d'ailleurs qu'elle avait attiré un jeune homme qui était venu vers elle en courant. '' Ça va bien mademoiselle vous avez rien de cassé ? '' Bien sûr que non, qu'est-ce que tu crois. Elle avait levé la tête vers lui avec cette réplique dans le regard et l'Homme avait fait un mouvement de recul. Evy avait alors eu un sourire forcé. Elle savait bien qu'elle était laide, mais à ce point ? Elle lui avait fait un bye-bye de la main, avant de s'en aller en marchant tant bien que mal en ligne droite. Elle en avait perdu l'habitude, tant elle n'était pas souvent sous cette forme. Il faut dire qu'elle ne l'avait pas depuis longtemps, non plus. À peine une lune. Mais tout le monde avait tombé sur une meilleure forme que la sienne. Peut-être était-elle condamnée.

Elle avait donc mit les voiles vers le Métro. Métro puant avec ses clodos, vieilles cigarettes écrasées et tas de déchets dans tout les coins. Un enfer pour les narines aussi sensibles que celles d'Evy. C'était les yeux retournées dans leurs orbites qu'elle s'avançait au milieu de la marre d'Hommes. Ça non plus ça ne sentait pas vraiment bon. Profitant qu'un voleur se soit trompé dans son jeu de mains, la chatte sauta par dessus la barrière et se faufila jusqu'à la station qui l'emmènerait près du HLM. Là, il n'y avait personnes, que des gens obscurs qui se cachaient bien de son regard. Sans doute qu'ils n'avaient rien de bien glorieux à montrer. Elle-même s'était écrasée contre un pillier quelconque, sortant une montre-gousset d'une poche située au centre de sa poitrine, qu'elle avait cousue à même le tissu noir de sa robe. Cette montre, elle l'adorait. C'était son seul objet, mais c'était un objet de valeur qui attirait beaucoup les regards du côté du Clan. Ils n'étaient pas rare les chats en quête d'argent à se mettre dans le nez qui avaient tenté de la lui voler. Mais elle ne s'était pas laissée faire et la Guérisseuse l'avait sous son aile, aussi. Les chats arrêtèrent bien vite leurs manœuvres. C'était vraiment un objet magnifique, couvert de gravures fines, en or massif. Il pesait lourd contre sa poitrine, comme un second coeur. Cette montre donnait toujours l'heure dix minutes en retard mais cela n'avait pas d'importance. Elle la portait toujours. Sous sa forme féline, c'était comme un pendentif, et là, c'était dans une poche. C'était impossible de la lui voler.

Evy ferma les yeux et plaça les mains derrière sa nuque, après avoir placée sa montre à sa place. Le métro n'arriverait pas avant cinq minutes, au moins.

D

Elle s'était remise à bailler. Encore. Bon sang, elle venait de faire une nuit de douze heures mais elle trouvait encore le moyen d'être fatiguée. C'était impossible ça. Contre son pilier, elle s'étira voluptueusement avec un air semi-extasique. La pauvre chatonne n'avait pas eu le temps de le faire ce matin. Plusieurs vertèbres craquèrent et provoquèrent un soupir de bien-être à l'Apprentie. Evy espérait que la Guérisseuse n'était pas trop inquiète, elle avait promit d'être de retour avant l'aube, mais elle avait deux bonnes heures de retard, si ce n'était plus. La pauvre vieille chatte n'avait plus toute sa tête malheureusement, et elle était surement entrain de s'imaginer toutes sortes de malheurs qui auraient pu lui arriver. La chatonne bailla de nouveau. Bon sang, c'était une maladie ça. Arrivée au HLM, elle allait aller directement vers son autre coussin et dormir. En plus que cette nuit une imbécile du Clan de l'Étoile était venue interrompre son sommeil réparateur. Tout le monde avait le droit de se promener où il voulait, techniquement. Qu'est-ce qui avait de mal à aller sur les territoires des autres, dites- moi ? Surtout si on fait aucun mal. Elle n'avait même pas touché aux écureuils qu'elle avait vus là-bas, c'était pas exemplaire ça ?

Elle n'était pas aimée, au sein du Clan des Ombres. D'abord, puisqu'elle avait été adoptée et deuxièmement, parce qu'elle refusait de travailler. Même la Guérisseuse travaillait, comme diseuse de bonne aventure à deux sous. Elle prévoyait faire la même chose, plus tard. C'était pour cette raison qu'Evy l'accompagnait souvent. Elle avait apprit à lire les cartes de Tarot, les feuilles de thé et toutes ces merveilleuses choses. La chatonne espérait sincèrement pouvoir faire le même emploi, car ce n'était pas un emploi dégradant et qui ne tuait ou ne rendait personne malade, contrairement aux trafiquants de drogues et les voleurs de services. Et encore, il y avait les tueurs à gage. Brr. Ça lui foutait les jetons. Elle-même avait du mal à mettre fin à une vie aussi insignifiante qu'une vie de souris, alors un chat, ou même un Bipède ? Certes, Evy les détestait, mais quand même, aller jusqu'à les tuer...

L''Humaine'' se mit à marcher de long en large de la station, s'ennuyant ferme, avant de retourner s'adosser à son pilier. Elle savait qu'elle attirerait probablement l'attention comme ça, mais les pauvres clodos des environs s'en ficheraient pas mal. Elle avait besoin de s'habituer à nouveau à ce corps. Comme une enfant, elle posait un pied devant l'autre, balançait son poids, l'autre pied, balance, et ainsi de suite. Cela la distrayait, en attendant le Métro. Mais après dix allers-retours, elle en eu marre et retourna se mettre contre son poteau. Comme Evy se recallait confortablement, une odeur horrible vint chatouiller ses narines. Ark, encore une cigarette. C'était pas interdit par la loi, maintenant, de fumer dans les endroits publics ? La jeune fille se retourna, frustration dans le regard et dégoût au fond du ventre. Elle n'arrivait même pas à comprendre le simple BUT de s'encrasser les poumons avec une connerie pareil. Mais en se retournant, Evy aperçu que la personne qui fumait, c'était Jeudi Noir. Oui, lui, le seul et l'unique. Elle se crispa. Elle l'avait bien reconnu avec son bonnet et ses écharpes. Elle le connaissait surtout de réputation et s'efforçait pour ne jamais le croiser, il avait une réputation assez obscure et la jeune fille ne s'en mêlait pas. La Guérisseuse lui avait dit qu'au fond de lui-même il était aussi noir que son nom et qu'il fallait l'éviter...

Mais mue par la curiosité, Evy s'approcha en quelques pas rapides, comme s'il aurait s'agit d'une machine à jouets. Elle le regarda avec des grands yeux, tout en respectant les limites des distances. Oui, il avait vraiment l'air de ce qu'on avait entendu de lui...Finalement, le Métro arriva. La jeune fille en profita pour lui adresser la parole :

C'est vrai que pendant votre sommeil vous avez du sang noir qui vous sort de la bouche ?

Rumeur débile qu'elle entendait depuis toute jeune. Elle se doutait bien que ce n'était pas le cas, mais c'était une bonne façon de commencer une conversation. x3

[Zeee peut me taper l'incruste ? *yeuxdecockers*]

[ Naon, j'aime pas les topics à 3. x] ]

[ Moi ça m'est égal =p ]

E

" C'est vrai que pendant votre sommeil vous avez du sang noir qui vous sort de la bouche ? "

" Et ça t'éclate de sortir des conneries pareilles ?! "

Le grand brun en face d'elle représentait tout ce que son Clan était, en général, il était bourru, il était mauvais, il était air bête, il dealait de la drogue, etc. Personne n'était si près de la réincarnation totale du Clan, même si, à sa connaissance, Jeudi Noir détestait celui-ci. La preuve, il avait l'air de vouloir foutre le camp et ça devait être à cause d'elle. Par conséquent, Evy était curieuse. Elle aurait voulu comprendre comment quelqu'un devenait comme ça, juste le vouloir, évidemment, car l'appliquer, c'est différent. Jûchi ne se confierait jamais à elle, la jeune chatte le savait bien, mais la curiosité n'est pas un défaut, le goût de savoir et de comprendre, pour arrêter d'en avoir peur. Car, effectivement, Evy n'aimait pas son Clan, même si elle ne voudrait jamais appartenir à un Clan aussi pédant que celui de l'Étoile. En y repensant, elle eut un frisson de dégoût. Sa griffure au nez avait eu le temps de guérir, mais on voyait toujours une mince cicatrice blanche, encore plus blanche que sa propre peau, qui traversait son visage d'une oreille à l'autre, mais au milieu de ce teint de lait, c'était assez dur à voir. Sous sa forme féline, on le voyait même pas. Seul le temps dira si la cicatrice restera, même si Evy avait de forts doutes là-dessus, elle avait pas envie d'avoir une marque de Coeur Adriatique, cette pauvre tache.

Lorsque Jûchi lui répondit d'un ton à faire fondre n'importe qui, elle recula brutalement, presque comme si elle avait eu une gifle, surprise par tant de haine en une seule phrase. Elle qui s'attendait à quelque chose du genre '' sourire en coin : mais non. '' Elle fronça les sourcils, elle n'avait voulu que commencer une conversation, pas l'insulter ou quelque chose dans le genre. Perdant toute sa superbe d'un coup, elle baissa les yeux et se mit à vouloir creuser un trou avec le bout de sa chaussure, extrêmement mal-à-l'aise.

C'est pas moi qui ait commencer ça...Je disais ça comme ça, je sais bien que c'est pas vrai...Désolée..

balbutia-t-elle d'une voix à peine audible, les yeux rivés au sol. Elle s'éloigna de deux pas, avant de triturer le bord de sa robe miteuse, résolue à ne plus envahir sa bulle d'espace qui semblait vraiment grande. Maintenant, elle se sentait vraiment débile d'avoir dit ça, ça lui apprendra à commencer les conversations.

[ No problem =) ]

L

" Si tu sais que c'est faux, ne le demande pas. "

" Et d'où tu tiens ça, au fait ? "

Yeaahh. Le coup de la pitié avait marché. Il lui accordait beaucoup plus d'attention là que tout à l'heure. À moins qu'il soit réellement curieux à propos de ça. Néanmoins, sentant le spot-light de l'attention de Jûshi sur elle, Evy en fut toute contente. Finalement, il était pas si mal que ça, sinon il l'aurait probablement..euh...elle ne savait pas quoi mais ça aurait été une pire réaction que celle-là. Donner un coup de pied dedans avec un juron avant de partir, la maudissant du même coup ? Finalement, après avoir hoché de la tête suite à la première remarque de cet être obscur, satisfaite de sa manœuvre, la jeune humaine tortura le bout de sa robe noire encore un petit moment, ajoutant du suspense, pensait-elle, puis, avec un air de chien battu, elle releva légèrement la tête et souffla :

Bah, vous savez, pendant toute notre jeunesse on est bercés par des rumeurs vous concernant, et pour la plupart, elles ne sont pas très reluisantes. Je vous laisse imaginer toutes les conneries que les petits sortent à votre sujet, pour se rendre intéressant. Je ne vais plus vraiment dans le HLM, mais quand je tétai encore, les plus balèzes disaient vous avoir vu entrain de dormir, avec du sang noir sur la bouche, mais faut vraiment être stupide pour croire des bêtises pareilles.

Même si elle y avait crût pendant quelques jours, toute naïve qu'elle était, lorsqu'elle n'était encore pas plus grosse qu'un rat domestique...Mais cette époque était révolue, maintenant, elle ne croyait que ce qu'elle voyait. La naïveté, ça appartenait aux chatons, lorsqu'on se croyait plus fort que tous, lorsqu'on croyait que tout était possible. D'un geste mécanique, Evy replaça ses cheveux blonds foncés derrières ses oreilles, attendant de voir si le dealer avait autre chose à lui demander, elle répondrait fidèlement. Le Métro passa, s'arrêta, puis repartit, grosse masse de métal puante et grouillante d'êtres humains tout aussi puants. Tant pis. Il repasserait dans une dizaine de minutes, et puis, rien ne pressait...

J

" Pour me voir dormir, encore faudrait-il qu'ils viennent chez moi. "

" Enfin. Après tout qu'ils pensent ce qu'ils veulent, je suis pas à ça prêt. "

quelque chose d'intéressant

Pendant que Jûshi l'observait d'un regard pénétrant, Evy rougit et détourna la tête pour pas qu'il la voit faire. Déjà qu'elle avait fait une belle connerie avec son '' partage de conversation '', elle n'avait pas envie qu'il la trouve timide. Ah, fallait qu'elle arrête de se sentir coupable pour un rien, ça devenait ch*ant à la fin. Elle secoua la tête, ramena les mains devant elle et se mit à pianoter, patientant. Elle souris en coin, entendant la dernière remarque du guerrier, fidèle à l'image qu'on se faisait de lui. C'était un peu comme si on le connaissait sans le connaître réellement, à force d'entendre tout ces ragots, même si à la longue on comprenait qu'il était impossible de baser son opinion sur des babillages de gens jaloux ou effrayés. Finalement, voyant qu'il allait à nouveau prendre une bouffée de cet encrasseur de poumons, elle lança, espérant ainsi le faire parler et éviter d'inhaler les vapeurs nocives :

Vous savez, étant donné qu'on vous voit jamais, mais qu'on sait que vous existez, on est portés à parler de vous, vous êtes comme...emm...comment dire...Une sorte de Jack l'Éventreur, en moins pire. ^^'

La première chose qu'elle avait pensé était Père Noël mais elle savait qu'il l'aurait prit pour une imbécile encore plus que maintenant. C'était évident qu'il n'avait rien à voir avec ce donneur de cadeaux, ni même plus avec Jack l'Éventreur, mais bon, il serait certainement plus flatté par ce terme que le premier. Surtout qu'à force d'entendre parler de lui en mal, on finissait par ressentir une sorte de peur panique et constante à croiser son chemin, dans la jeunesse surtout. C'était pour ça qu'Evy avait muté cette peur en curiosité, avec le temps. La jeune humaine se mit à taper le bout de ses souliers ensemble, elle ne savait plus quoi dire. Bref, la prochaine fois que le Métro passerait, elle le prendrait. La blonde en avait un peu marre d'être là et de se sentir imbécile.

N

U

" Vous savez, étant donné qu'on vous voit jamais, mais qu'on sait que vous existez, on est portés à parler de vous, vous êtes comme...emm...comment dire...Une sorte de Jack l'Éventreur, en moins pire. "

" Si ça vous éclate... "

" T'as quel âge ? "

Evy détourna la tête, dégoûtée. Dire qu'il y avait de plus en plus d'adeptes à la cigarette au sein du Clan. Sa mère et elle-même avait passé beaucoup de temps à faire de leur mieux pour soigner des poumons malades, des tumeurs et autres conneries. Tout ça à cause de la cigarette. Bref, en détournant le regard, elle aussi aperçu cet homme, étant donné que dans ses passes-temps, lorsqu'elle était jeune, Ex-Guérisseuse Indéterminée la mettait souvent au défi de trouver les gens malades, et comme Jûshi, elle détermina qu'il était en manque. Pauvre petit. Evy poussa un soupir désespéré. Comment les gens se mettaient dans le pétrin comme ça ? C'était vraiment pitoyable. La jeune fille avait beau être dégoûtée par ces agissements, elle était éblouie de voir à quel point des substances pouvaient avoir des effets aussi percutants sur l'organisme. Bien sûr, c'était la même chose pour les plantes médicinales, excepté que celles-ci agissaient en bien, mais les drogues c'étaient tellement plus...brutal et évident. L'homme avait les yeux écarquillés, il avait l'air perdu, près du gouffre. Près d'elle, Evy sentait à quel point l'attention de Jûshi était concentrée sur cet homme. Fallait s'y attendre, après tout, il était quand même LE dealer de la ville. Elle leva les yeux au ciel, découragée, lorsque le brun lâcha son commentaire :

Si ça vous éclate...

Evy prit un air scandalisé.

Mais ça m'éclate pas du tout ! Je trouve ça ridicule d'inventer n'importe quoi pour se rendre intéressant, ils me dégoûtent ces imbéciles.

répliqua-t-elle d'un ton mauvais, même si elle voyait que le dealer se fichait éperdument d'elle, en cet instant. L'appât du gain. Evy retint un ricanement. C'était à peu près une dépendance, ça aussi. Au moins, elle n'avait jamais été en contact avec beaucoup d'argent, elle n'était pas gâtée, comme aurait dit sa mère adoptive. Elles se contentaient de peu et elles étaient heureuses ainsi. Puis Jûshi se retourna vers elle et la détailla encore plus que précédemment. La jeune fille regarda fixa à nouveau ses souliers, les joues écarlates, elle détestait attirer l'attention et se faire regarder de la sorte. Pourquoi, pourquoiii ?

T'as quel âge ?

Em, j'ai 16 ans, sous cette apparence, sinon, j'ai un hiver.

dit-elle, baissant le ton. Ce n'était pas le moment d'attirer l'attention avec des termes comme '' j'ai un hiver ''. Cela aurait paru étrange. Evy toussota et lorsque la chaleur quitta ses joues, elle releva la tête pour regarder l'homme. Il était tout près des rails, tremblotant et gigotant, se tordant les mains, impatient de prendre le Métro. C'était sûr ça, une station plus loin et il entrerait dans la banlieue, où un millier de dealers tous moins importants les uns que les autres lui sauteraient dessus. C'était facile de comprendre pourquoi il trépignait ainsi.

" Em, j'ai 16 ans, sous cette apparence, sinon, j'ai un hiver. "

L

Maintenant il se taisait. Evy prit un air agacé, mais discret. Il lui posait des questions et après il ne disait plus rien, il était pas mal étrange. Et puis, pourquoi lui avait-il demandé ça, de toutes façons ? Lui qui avait passé près de carrément l'ignorer, et là il s'intéressait subitement à son âge. Evy plissa les yeux, suspicieuse. Que voulait-il réellement ? Bref, elle s'en fichait de toute façon. Maintenant elle l'avait vu, avait vu qu'il n'était pas siiii méchant que ça et elle pourrait le dire à sa mère adoptive. Certes, elle aurait pu aller se venter de la chose à tout les jeunes morveux de son Clan, mais ce n'était pas son style. De toutes façons, selon les rumeurs, Jûshi avait un apprenti, Nuage de N-truc, et lui devait amplement s'en charger. La jeune fille fut presque soulagée de sentir dans ses pieds la vibration caractéristique du Métro. Ne s'occupant même plus du dealer, elle s'avança sur le bord des rails et se mit à triturer le bord de sa robe noire. Vivement d'être du côté de la Banlieue. Sa mère devait être dans un état de panique totale, puisqu'elle avait plus de douze heures de retard au compteur. En y repensant, Evy se mordit la lèvre. Elle ne devrait pas lui faire des peurs pareilles, surtout à son âge. Arg, elle n'aurait pas du parler à Jûshi et prendre immédiatement le Métro lorsqu'il était passé, tout à l'heure. Bordelll-eee. Lorsqu'il s'arrêta, elle bouscula la masse qui en sortit pour se frayer un chemin jusqu'à un siège acceptable, seul, sans taches dont-ne-sait-quoi. Elle s'assit lourdement et poussa un soupir de contentement. Plus qu'une dizaine de minutes et elle était rentrée à la maison. Elle tira sa montre de sa poche, y jeta un coup d'oeil et blêmit. Elle était encore plus en retard qu'elle pensait ! Espérons qu'elle ne retrouverait pas Ex-Guérisseuse Indéterminée morte d'une crise cardiaque. Elle se mit à taper du bout du pied, espérant que cette maudite machine irait un peu plus vite. Evy rangea sa montre dans sa poche avant de voir que le drogué s'était assis juste en avant d'elle et qu'il la fixait avec des yeux torves et tremblotants dans leur orbite. La jeune fille sursauta, avant de se rendre compte qu'il ne la fixait pas, mais qu'il regardait un point fixe. Levant les yeux, elle vit que Jûshi était entré à son tour et qu'il s'était assit non loin du drogué et qu'il le regardait avec un air de prédateur. Bon sang. C'était dingue ça.

T

junkies

s'en griller encore une

Evy avait beau savoir que le drogué ne la regardait pas, elle ne pouvait s'empêcher de sentir son regard sur elle, passant sur son corps tel un cafard. La jeune fille ne put s'empêcher de tourner les yeux vers le ciel pendant qu'un frisson de dégoût lui traversait l'échine. Elle avait toujours sentit le regard des gens sur elle comme un point chaud, brûlant même, et dans cette situation, c'était inversé. Le point était glacé, et cela la mettait affreusement mal-à-l'aise, comme tout ce qui change. Changement signifie trouble dans les réactifs. Trouble dans les réactifs signifie quelque chose de mauvais, d'imprévu. Pourquoi c'était soudainement glacé ? Parce que ce gars n'avait pas toute sa tête ? Parce qu'il ne la regardait pas directement ? Bref, ce n'était pas du tout rassurant. Et cette sensation de pattes de cafard rampants sur elle ne cessait de lui hanter l'esprit. La jeune fille chassa la bête d'une main, sur l'épaule, par réflexe, mais la sensation demeurait. Pire. Se rependait. Bon sang, calme toi, ma vieille, c'est qu'un pauvre type, il te veut pas de mal, il te regarde même pas, du callmeee. murmurait la voix de sa conscience. C'était beau la paranoïa. Cette dite-paranoïa n'était pas tout le temps là, autrement cela aurait fait de notre pauvre Evy une folle. Elle l'envahissait par moments, comme celui-ci, où elle était enfermée dans cette masse de métal se dirigeant à toute allure vers l'autre quai. La jeune fille ferma les yeux, posa la main sur son front, entre ses yeux et ferma les yeux très fort, voulant se rassurer. Mieux encore, elle tira sa belle montre de son écrin. Regarder les aiguilles changer constamment de place la calmait. Voir le dessin délavé et familier sur le fond la rassurait. Son souffle reprit un rythme normal. Ce bref moment de panique venait de se terminer. Le tout n'avait duré qu'une trentaine de secondes. La blonde ne quittait pas le cadran des yeux pour autant. Elle n'était pas certaine si ce moment de lucidité resterait avec elle si elle regardait ailleurs. C'était con comme ça, la peur de paniquer. Comme toujours lorsqu'elle regardait sa fantastique montre, Evy essaya de déterminer ce que le dessin au fond pouvait bien être. Le même motif se répétait au dos du mécanisme. Cela ne ressemblait à rien de particulier. Elle avait eu beau demandé à sa mère ce qu'elle en pensait, elle non plus ne savait pas exactement de quoi il s'agissait. Détachant enfin son regard de sa montre, la jeune fille se mit à fixer Jûshi en se demandant si jamais il aurait comprit de quoi il s'agissait...sans se rendre compte que c'était carrément impoli.

» Coucher de soleil
» Prélude à un soleil noir.