De l'autre côté [~ Liibre ~]

De l'autre côté
[~ Liibre' ~]

Cendre de Lune saute agilement entre les buissons qui prenaient une teinte rougeâtre. L'odeur âcre des voitures qui passaient à toute allure sur la bande de béton venait déjà chatouiller les moustaches de la chatte brune. Elle sauta un fossé, deux et se retrouva devant le grillage vert qui séparait la campagne de l'autoroute. Cendre de Lune posa son museau contre les fils métalliques. De l'autre côté, ça sentait la mort, bien que l'odeur et le bruits restaient plus puissants et couvraient tout. Elle pensa. Au de quelques secondes, elle dut se retirer tellement l'odeur l'écœurait. Elle se demandait bien comment faisait les autres chats. Mais elle se gardait bien de dire quoi que ce soit. Ils faisaient presque peur et était très souvent sous forme humaine. Elle qui n'aimait pas du tout ! D'un autre côté, elle ne s'était jamais rendue sur leur terre, sauf en suivant la limite pour les assemblés qu'elle avait peu fréquentée. D'ailleurs, peu de félins de la Rose des Vents y venait car le chemin était long et périlleux. Elle n'y était allé que deux fois et les deux fois avaient été catastrophiques ...

"Je dus arrêter de respirer tellement l'odeur était forte. Mon nez me piquait affreusement, je me sentais asphyxiée. Des voitures filaient sans arrêt et il était impossible de traversais. Je me souviens être restée quelques minutes sur le bord, étouffées par les appels d'air. Les roues crissaient et, si l'on s'aventurait sur le bitume, la mort était proche. Tout le monde avait traversé, sauf mon mentor et moi. Mon mentor chéri, mon mentor que j'aimais plus que tout. J'étais pétrifiée et incapable que bouger, ma tête me tournait. L'ordre était de courir au moment où on me le disais. A un moment, quand tout s'est calmé, on m'a hurlé de courir, j'ai couru, droit dans les roues d'un véhicule. Tout s'est brouillé, je ne me souviens de rien, juste un corps ensanglanté au milieu de la chaussée."

"Les trois chefs était assis, au dessus de nous tous, simples guerriers. Notre chef s'est levé et a annoncé les baptêmes récents. J'étais dans le lot. Quand on a cité mon nom, tout le monde s'est retourné. Je n'étais pas grande et maigre. L'hiver se faisait sentir. Des murmures injurieux circulaient à mon propos. Je crois que j'ai eu la honte de ma vie. C'est vrai, j'ai passé mon baptême de guerrier plus tôt que n'importe quel autre chat ... normal."

Cendre de Lune soupira. Elle avait prit une décision quelle tiendrait. Un jour, dans peu de temps, elle viendrais, de l'autre côté, chez les humains, dans la ville, là où l'Etoile Suprême règne, là où tout sens la mort et la peur. Elle voulais savoir. Elle se retira, le nez remplit de cet odeur infâme. Elle fit quelques pas puis s'arrêta, perplexe. Quelqu'un la suivait. Elle n'était pas une excellente pisteuse pour rien. Calme, elle attendit, sur la défensive.

O V E R . D O S E

«-Connard !»

«- Hey !»

«- Hum… t’aurrais quand même put mourir avec un minimum de dignité, non ?! Genre, je sais pas moi ... en ne foutant pas du sang partout ?! »

Cendre de Lune se retourna brusquement. Un véhicule venait de freiner dangereusement sur le bas côté de la route. La chatte brune se faufila sous un bruissons aux branches serrées pour éviter de se faire voir. Elle se figea d'horreur. Une femme sortit, ou plutôt fut poussé hors de la voiture. Elle était fine, genre "la peau sur les os". Ho, qu'elle était belle, oui, mais elle avait cette chose qui terrifiait. Ses yeux, sa peau pâle, très pâle, sa démarche ... En fait, Cendre de Lune savait - un seul regard suffisait (et pour n'importe quel chat un peu malin) - qu'elle représentait un danger. La chatte se recroquevilla sur elle-même, tentant de se faire la plus petite possible. Elle ferma les yeux, aussi. Il eut des bruits étranges, fort, violents mais elle ne chercha pas à les reconnaitre. De longues minutes, pesantes et difficiles à passer.
Le pire instant fut le dernier. Un coup, bruyant, fort, qui sifflait dans l'air. Il trouva sa cible qui tomba raide, dans un cri de surprise. Du sang, beaucoup de sang éclaboussait le bitume noir. Cendre de Lune recula pour s'enfuir, donner l'alerte au camp. Mais - la malchance arrive toujours au moment où il ne faut pas - une feuille morte, bien morte, craqua, craqua. La chatte brune retint son souffle mais elle sentit un regard glacé se poser sur sa cachette.

[Oui, je sais je cherche Laughing

]

«- Tu veux pas passé mon fauteuil de l’autre côté de la grille ?! »

Cendre de Lune n'émait ni les assassins, ni la police, ni quoi que ce soit qui se trouvait de l'autre côté de la route. Maintenant, elle était repérée et elle était opposé à un choix ambigu. Et si, une fois de l'autre côté, elle attaquait le camp ? Ou bien même tuerait la jeune chatte ! Cendre de Lune ne bougea plus, prenant quelques secondes pour réfléchir. Seulement, la sirène approchait dangereusement. La chatte se dégagea de sa cachette et fixa la jeune femme. Elle lui faisait toujours aussi peur et la voir couverte de sang n'arrangeait pas les choses. Un instant, Cendre de Lune se demanda si la laisser là ne serait pas la meilleur solution.
Dans un élan de folie, elle se glissa sous le grillage et rampa jusqu'au fauteuil. Heureusement, il se trouvait devant la tueuse et donc "protégeait" un peu Cendre de Lune, ce qui la rassura. A contre cœur, elle se changea en humaine, jeune fille aux cheveux noirs. Elle tourna la tête vers la chaussée. On apercevait déjà la voiture dans le tournant. Prise de panique elle attrapa comme elle put le fauteuil, le passa de l'autre côté difficilement et se retransforma aussi vite que possible en félin puis retourna à sa cachette. La fauteuil tomba dans un violent fracas au moment même où les policer se plaçaient sur le bas-côté de la route. Le cœur de Cendre de Lune se serra.

«- Peu tu le porter un peu plus loin ?! »

Le cœur de Cendre de Lune battait de plus en plus fort. Tellement fort qu'elle aurait cru qu'elle finirait par exploser. Elle tremblait, cachée entre les branches épineuses. Elle suivait la scène de ses yeux clairs. Le voiture qui s'enflammait, avec le corps et les policiers. Quand à la jeune femme, elle avait prit son apparence féline. Elle était toujours d'une beauté incroyable mais son expression restait la même. A présent à même niveau, Cendre de Lune avait moins peur. Elle s'avança vers l'inconnue.

«- Peu tu le porter un peu plus loin ?! »

Elle s'approcha de son interlocuteur et ignora presque sa question, tentant de lui renvoyer ses paroles aussi froidement, même si elle savait que, sur ce point, elle se ferait dépasser. Elle s'arrêta. Qu'allait-elle répondre ? Après réflexion, elle aurait très bien pu la laisser aux mains de la police ... Elle serait peut-être morte ou bien elle aurait passé le reste de sa vie en prison. Mais, si elle avait fait ce choix, peut-être que cette inconnue sanguinaire se serait vengé sur le clan ! Elle devait agir à nouveau, en bien ou en mal. Avec un ton le plus assuré possible, elle annonça :

D'abord, dit-moi ton nom. Ensuite, je porterais ton fauteuil plus loin sur le côté ... peut-être.

«- Over Dose …. Et maintenant, que crois tu en faire de ce nom ?! Tu ne contrôles pas plus la situation qu’avant, chérie. »

Cendre de Lune bondit le sur côté à l'explosion de la Mercedes. C'était bien le moment tient ! Elle tenta de rester calme. Inspirer, expirer, inspirer, expirer ... Plus de temps à perdre. Avec agilité, elle reprit sa forme humaine - toujours avec cette sensation étrange et désagréable -, attrapa le haut du siège et se mit à courir, entre les bosses dans les ronces. Tâche peu facile à exécuter. Elle jeta un coup d'œil derrière son épaule pour vérifier si la chatte, Over Dose, suivait bien le train. Elle ne se faisait pas vraiment de soucis mais il valait mieux s'assurer. Le terrain remontait et Allys ne le connaissait pas très bien. Les chiens, eux, n'avaient aucuns problèmes et ils aboyaient sans arrêt. Allys remarqua une pente qui venait coller contre le grillage vert qui continuait le long de la voie. Elle descendit. C'était peut-être son seul espoir de s'en sortir. Enfin, pas elle réellement, c'était pour Over Dose qu'elle faisait ça. Étrange ... Sans prendre attendre, elle plaça le fauteuil dans un renfoncement de terre et se tapit dans les hautes herbes en reprenant son apparence féline qu'elle aimait tant. La chatte au pelage bleu et sable ne devait plus tarder à la rejoindre. Maintenant, il ne restait plus qu'à attendre et espérer ...

Un large sourire se dessina sur les lèvres de Leisha, quand les mains s’emparèrent du fauteuil. La silhouette féminine se mit à courir, levant haut les jambes pour évité ronce, disparaissant dans la nuit. Le corps d’Over disparu derrière les hautes herbes pour devenir félin. La chatte aux long pelage bleu et sable, bondi par dessus les creux et les bosses du terrain avec agilité, suivant la jeune femme qui courrait devant elle. Elle descendit une pente qui longeait l’autoroute pour venir se tapir dans les hautes herbes au côté de la chatte dont elle ignorait le nom. Elle plaqua son corps au plus proche du sol, sous le vent qui soufflait en leur faveur. Elle entendit le bruit de la course des bipèdes et de leur chiens passées au dessus de leur tête, tout en aboyant.

Over Dose se redressa quand la course se fut suffisamment éloigné, plantant ses yeux ambrées dans ceux de la féline du clan de la Rose des Vents. Elle ne lui dirait pas merci, la mendicité n’était pas dans ses habitudes, seulement quelque paroles, question d’honneur.

«- Je te dois quelque chose a présent. Si un jour tu as besoin de moi, appelle moi. »

La féline se métamorphosa en la jeune femme aux long cheveux blanc que connaissait la guerrière, s’assaillant le dos contre la pente, elle sortit un petit papier ou était gribouillé un numéro, semblable à celui d’un téléphone. Elle lui tendit, esquissant un sourire glacial.

Elle resta tapie dans les hautes herbes. Très vite, Over Dose arriva. Le bruit des chiens et des hommes de la police finirent par s'estomper. Le regard de la chatte solitaire était lourd, tranchant. Pour son honneur, Cendre de Lune se força de le soutenir, évitant une grimace.

«- Je te dois quelque chose a présent. Si un jour tu as besoin de moi, appelle moi. »

Un instant, la chatte brune se demanda si elle ne rêvait pas. Over Dose n'avait pas dit merci mais c'était un peu comme, du point de vu de Cendre de Lune. Jamais elle n'aurait cru en arriver là avec cette chatte si froide et distante. Celle-ci prit son apparence humaine et la jeune femme lui tendit un morceau de papier jaunâtre et froissé sur lequel était griffonnés des numéros. Cendre de Lune, devint Allys et fourra le papier dans la poche de son manteau noir.

Je ... merci ...

Puis, après un temps d'hésitation, elle reprit son apparence féline et miaula quelques mots :

A bientôt ... peut-être.

Puis elle s'éclipsa, vers la campagne, pour rejoindre la grange.